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lundi 26 avril 2010

"El Desdichado", Gérard de Nerval.


EL DESDICHADO*


Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé,

Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :

Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé

Porte le Soleil noir de la Mélancolie.


Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,

Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,

Et la treille où le pampre à la rose s'allie.


Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?

Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;

J'ai rêvé dans la grotte ou nage la syrène...


Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :

Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée

Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.


Les Chimères, Gérard de Nerval.

*desdichado est un mot espagnol qui veut dire malheureux, infortuné.

Encre de Victor Hugo.


"Aube", Arthur Rimbaud.


AUBE

J'ai embrassé l'aube d'été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall* blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.

Les Illuminations, Arthur Rimbaud.

Paysage romantique, Kandinsky.

* Wasserfall est un mot allemand qui veut dire chute d'eau.

vendredi 23 avril 2010

Qu'est-ce que la poésie ?

Vous pouvez lire toutes vos réponses à cette question sur la gauche de cette page (après les illustrations).
Certaines expressions ou certains mots ont été mis en relief : représentations personnelles, connaissances sur le genre poétique ou jugements sur la poésie.
Vous verrez que si parfois certaines réponses se ressemblent, aucune n'est identique et s'y côtoient la beauté et l'ennui, la magie et la complexité, les émotions et les histoires, la voix, les rimes et les vers.

jeudi 22 avril 2010

La séquence commence...



Bonjour à tous,

Sur cette page vous trouverez les textes de la lecture cursive lus en classe. En plus d'être affichés dans votre salle, ils seront donc disponibles ici également. Cela vous permettra d'y avoir accès plus facilement depuis le CDI ou depuis chez vous.

Je vous rappelle que parmi ces textes vous devrez en choisir au moins quatre. Ces textes devront être ensuite recopiés dans votre recueil personnel.

Ce premier texte ne fait pas partie du corpus de la lecture cursive (il n'est donc pas à recopier). Il s'agit d'un texte d'introduction à cette activité de lecture cursive et aussi une réponse possible à l'interrogation que nous allons nourrir durant cette séquence : qu'est-ce que la poésie ?

Jean-Pierre Siméon propose sa vision de la poésie...


La poésie c'est comme les lunettes.

On m'a souvent demandé : la poésie, à quoi ça sert ? Avec l'air de dire, sourire en coin : Mon pauvre Monsieur, ne vous donnez pas tant de mal, avec la télévision, le cinéma, le foot et le loto, on a bien ce qu'il nous faut ! Et je ne savais pas que répondre parce que la poésie pour moi a toujours été une chose naturelle comme l'eau du ruisseau. Mais j'ai beaucoup réfléchi, et aujourd'hui, je sais : la poésie, c'est comme les lunettes. C'est pour mieux voir. Parce que nos yeux ne savent plus, ils sont fatigués, usés. Croyez-moi, tous ces gens autour de vous, ils ont les yeux ouverts et pourtant petit à petit, sans s'en rendre compte, ils deviennent aveugles.
Il n'y a qu'une solution pour les sauver : la poésie. C'est le remède miracle : un poème et les yeux sont neufs. Comme ceux des enfants.
A propos des enfants d'ailleurs, j'ai aussi un conseil à donner : les vitamines A, B, C, D, ça ne suffit pas. Si on ne veut pas qu'en grandissant ils perdent leurs yeux magiques, il faut leur administrer un poème par jour. Au moins.


La Nuit respire, Jean-Pierre Siméon.

Ce texte introduit le recueil La Nuit respire, publié aux éditions Cheyne, une maison qui ne publie que de la poésie. La Nuit respire fait partie de la collection "Poèmes pour grandir".
Voici un lien pour le site des éditions Cheyne. Dans la rubrique "Les collections" vous trouverez des textes en lecture libre, dont les "Poèmes pour grandir".

Bonne lecture à tous !